Arc de Triomphe par Christo

Emballé, et après ?

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Il y a des sujets qu’il vaut mieux ne pas aborder sur les réseaux sociaux, sous peine de se perdre, non pas dans des débats, si on débattait sur les réseaux ça se saurait, mais dans des polémiques toutes plus idiotes les unes que les autres. La politique et ses avatars (Zemmour par exemple), la religion ( mon Dieu !), la vaccination (les spécialistes de l’ARN messager sont décidément trop nombreux) et, c’est nouveau, l’empaquetage de l’Arc de Triomphe façon Christo… 

Autant annoncer la couleur dès maintenant, les empaquetages, ça ne m’impressionne pas ! Je récuse le côté artistique de la démarche. Voyez la photo, qui est un dessin de Christo. Pas de doute, l’Arc de Triomphe sera remarquablement emballé, et j’accepte sans barguigner le côté très technique de la chose. N’ayant moi-même jamais été capable de réaliser un joli paquet cadeau, je suis évidemment admiratif de la performance. 

Mais que dit le dessin de Christo ? Qu’y-a-t-il de beau dans cette « oeuvre » ? Elle épouse au mieux les formes de l’objet emballé. C’est déjà beaucoup, mais c’est la moindre des choses quand on prétend à une telle réalisation. Les formes, et les proportions de l’Arc de Triomphe sont exceptionnelles d’équilibre. Que l’emballage les respecte semble constituer un minimum. Donc l’objet empaqueté sera beau parce qu’il respectera les formes et les proportions superbes de l’Arc de Triomphe.

Au fait, qui a créé ces formes et défini de telles proportions ? Christo ? Non, bien sûr. L’architecte qui fut chargé de développer ce projet initié par Napoléon 1er se nomme Jean-François Chalgrin. Le génie des formes et des proportions, c’est lui, et personne d’autre. Le génie contenu dans les innombrables détails rendus invisibles par la toile de Christo, c’est lui, ou grâce à lui. Il se trouve que le rendu de l’emballage n’est beau que si le produit emballé est magnifique. L’emballage ne peut embellir qu’un vulgaire objet parallélépipédique, que celui-ci contienne une rivière de diamants ou qu’il soit vide n’ayant aucune importance. Celui de Christo respecte les proportions et simplifie les formes. Il masque la plupart des sculptures et inscriptions diverses figurant sur les parois. 

L’emballage est une prouesse technique, mais pas, à mes yeux, une œuvre d’art. Superbe travail d’artisan, mais pas d’artiste. Inutile par ailleurs de s’offusquer sur le prix de l’opération qui est, semble-t-il, financé par la vente des dessins de Christo, cet incroyable professionnel de l’emballage…

Ou l’éternel écart entre le génie artistique et la compétence technique, aussi spectaculaire soit-elle.

Marc T.

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