Lucien Clergue

Lucien Clergue, nĂ© le 14 aoĂ»t 1934 Ă  Arles et mort le 15 novembre 2014 Ă  NĂ®mes, est un photographe français. Il est le premier photographe Ă  ĂŞtre Ă©lu membre de l’AcadĂ©mie des beaux-arts de l’Institut de France. Il en fut le prĂ©sident pour l’annĂ©e 2013… Lire la suite ->https://fr.wikipedia.org/wiki/Lucien_Clergue

Dali par Lucien Clergue
Salvador Dali
Fred, Arles (1977)
Jean Cocteau par Lucien Clergue
Jean Cocteau
La nuit Ă  New-York (1977)
Photo de Lucien Clergue
La nuit Ă  New-York
Charlie Chaplin par Lucien Clergue
Charlie Chaplin
Photo de Lucien Clergue
Picasso par Lucien Clergue
Pablo Picasso, Cannes (1955)
La mer
Nu de la Mer, Camargue par Lucien Clergue
Nu de la Mer, Camargue
Photo de Lucien Clergue
Coco au grand herbier de Lucien Clergue
Coco au grand herbier (1975)
Photo de Lucien Clergue
Gitane par Lucien Clergue
Gitane
Photo de Lucien Clergue
NĂ©e de la vague
Photo de Lucien Clergue
Photo de Lucien Clergue
Nu de la mer, Camargue (1966)
Nu de la mer, Camargue (1966)
Camargue, photo de Lucien Clergue
Camargue (1976)
Photo de Lucien Clergue
Photo de Lucien Clergue
Gitane, photo de Lucien Clergue
Gitane
Photo de Lucien Clergue
Sable, photo de Lucien Clergue
Sable

Lucien Clergue, par Marion Cocquet

Rencontres d’Arles : Lucien Clergue, en clair et en obscur

Le festival de la photographie offre à son cofondateur une rétrospective admirable (et non exhaustive) de ses quelque 60 ans de carrière.

Il y a du monde chez Lucien Clergue. Des femmes sublimes (quoique sans tĂŞte), des gitans, des enfants, des flamants roses, des toreros et des taureaux, des maĂ®tres de la peinture et des princes de la poĂ©sie – tout cela qui dans ses images danse, dort, triomphe, mord la poussière, fait dans le sable des dessins abstraits, joue ici et meurt plus loin. La « Parade » que François HĂ©bel voulait pour ses dernières Rencontres d’Arles en qualitĂ© de directeur ne pouvait s’imaginer sans celle du camarade « Lucien », fondateur du festival de photographie : Clergue, 80 ans aujourd’hui et un appĂ©tit des gens et des choses semble-t-il non entamĂ©, cabotin, curieux, sensible, angoissĂ©, gourmand. « Pour cet anniversaire, explique François HĂ©bel dans le texte qui accompagne l’exposition, nous avons voulu mettre un peu d’ordre, ramener la lecture de sa photographie Ă  l’essentiel. » 

La tĂŞte et le poil 

Le voyage se fait avec la voix de Lucien Clergue, qui raconte ses images Ă  mesure. Il commence dans l’Arles d’après la LibĂ©ration, avec une mère qui dit Ă  son garçon, mis Ă  l’abri pendant les bombardements, qu’il n’a dĂ©sormais plus de maison. Cette femme, raconte Lucien Clergue, avait eu un enfant contre l’avis des mĂ©decins, et voulu qu’il soit artiste. Violoniste, plus exactement. Petit, Lucien – car c’est de lui qu’il s’agit – massacre les sonates de Bach et rĂŞve devant le dĂ©colletĂ© de sa professeur de musique. Les annĂ©es passent, sa mère est souffrante, il la panse, il la lave, il la soigne, elle meurt alors qu’il n’a que 18 ans. DĂ©jĂ , il fait des photographies : les ruines de l’Arles de l’après-guerre. Puis il y fait poser un groupe d’enfants aux yeux profonds et tristes : l’Arlequin, le trapĂ©ziste, ou cette petite danseuse en tutu fanĂ© qui « se cassait toujours quelque chose, une jambe ou une cheville, quand elle se mettait Ă  danser ». 

Le corps douloureux de sa mère, dit très simplement le photographe, est peut-ĂŞtre ce qui le pousse alors Ă  photographier ceux, triomphants, superbes, de jeunes femmes sur le sable et dans l’eau. Lucien Clergue commence en 1956 Ă  faire des nus ; il ne cessera pas, et se souvient aujourd’hui de chacun des modèles qui l’ont accompagnĂ©. Comme Denise, « la rĂ©vĂ©lation absolue », qui pose pour ce qui sera son premier livre. « La censure Ă©tait omniprĂ©sente. Mais il y a une jurisprudence du tribunal de Bordeaux qui dit que lĂ  oĂą il y a la tĂŞte, il ne faut pas le poil, lĂ  oĂą il y a le poil, il ne faut pas la tĂŞte. » Des femmes de Lucien Clergue ne figure que le corps : il est sauvĂ©. Il y a encore Christine, chez qui il retrouve les parfaites proportions que, gamin, il mesurait avec son mouchoir sur les statues antiques de l’Ă©glise Sainte-Anne d’Arles. Il y a aussi, aux États-Unis oĂą il a travaillĂ©, Wally, Vikki et Sarah, qui posait tous les dimanches matin pour l’inspecteur Colombo, photographe amateur en dehors des plateaux de tournage. Et encore Liz, qui rĂŞvait d’apparaĂ®tre dans Playboy.… 

Picasso applaudit 

Un jour de feria, sur la place du Forum, Clergue montre Ă  Picasso ses images de Denise dans les vagues. Il a abordĂ© pour la première fois le peintre trois ans plus tĂ´t au sortir des arènes, lui a montrĂ© son travail. Le maĂ®tre l’a encouragĂ©. Ce jour-lĂ , il va plus loin : il l’applaudit. « Il a fait venir tout le monde : Venez voir, venez voir ce qu’a fait Lucien. » Grâce Ă  Picasso et Ă  Jean Cocteau, que le peintre lui a permis de rencontrer, l’Ă©diteur Seghers choisit les images de Clergue pour accompagner la rĂ©Ă©dition des Corps mĂ©morables de Paul Éluard. Le photographe n’a que 23 ans. Il fera aussi le portrait de ces maĂ®tres qui l’ont reconnu, aimĂ©, aidĂ© Ă  vivre de son mĂ©tier. Picasso au bain, Cocteau en maĂ®tre des Ă©lĂ©gances, Saint-John Perse Ă  contre-jour, dont il est tombĂ© amoureux en lisant Amers

Dans la suite du voyage, il y a les gitans du quartier de la Roquette et des Saintes-Maries-de-la-Mer. Parmi eux, Manitas de Plata, guitariste de gĂ©nie, que Clergue a dĂ©couvert et dont il devient en quelque sorte le manager, après l’avoir photographiĂ©. Il y a des toreros et des taureaux Ă  l’agonie sublime. L’abstrait « langage du sable », prĂ©sentĂ© pour sa thèse. La dĂ©couverte du PolaroĂŻd, l’usage tardif de la couleur. Et puis le festival, montĂ© tant bien que mal. C’est par hasard, en se prĂ©cipitant au Moma de New York pour voir Guernica et en dĂ©couvrant alors que, pour accĂ©der Ă  la toile, il doit traverser les salles consacrĂ©es Ă  la photographie, que Lucien Clergue prend conscience de l’importance que celle-ci peut avoir dans l’art. Avec Jean-Maurice Rouquette, conservateur du musĂ©e RĂ©attu, il entreprend de lui en donner une Ă  Arles. Ensemble, ils crĂ©ent les Rencontres, en 1970. « Rencontres » : un joli nom de festival, et qui va bien Ă  ce fondateur-lĂ . 

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