Illustration démocratie en danger

Extrêmes gauche et droite, la démocratie sournoisement en péril

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Orienter son vote est relativement facile pour qui a adopté une idéologie, s’y tient et suit fidèlement une ou un leader. C’est encore plus vrai pour les personnes ayant choisi de militer au sein d’un parti. “L’idéologie, c’est ce qui pense à votre place” disait Jean-François Revel. C’est bien pratique et généralement digne de respect puisque  militantisme ne rime pas forcément avec fanatisme. 

Il n’empêche, ce n’est pas très satisfaisant pour les autres, celles et ceux qui se sont forgé quelques valeurs fortes, non négociables sans être toutes portées par une seule écurie politique ou concentrées dans une seule doctrine. Revel était un essayiste libéral de gauche. Je sais, pour beaucoup, on frôle là l’oxymore, mais pour peu que l’on s’entende sur le sens des mots, être libéral et de gauche n’a rien de farfelu, être un humaniste et de droite non plus, il paraît même que l’on trouve des fascistes à l’extrême gauche et à peu près n’importe qui à l’extrême droite… 

Penser par soi-même est un sport de combat. Sortons nos kimonos.

Supposons par exemple que tu ne puisses pas envisager une seconde de renoncer à vivre en démocratie, ce qui nous ferait un point commun. Tu vas devoir évaluer les risques que présentent tel candidat, telle candidate ou tel parti par rapport à cette exigence. Ce n’est pas toujours facile, mais effectuer quelques recherches sur leurs histoires respectives, leurs déclarations, les principes défendus, leurs affinités avec leurs homologues étrangers ou même leurs votes, tout cela n’est pas très compliqué et doit te permettre de distinguer celles et ceux qui à minima, ne sont pas clairs sur ce mode de gouvernement qui t’est cher, celui qui respecte la démocratie. En revanche, si la perspective d’une possible dictature ne t’effraie pas ou même te séduit, alors tu peux t’abstenir de ce type de recherche. S’il s’agit d’un choix conscient, assumé, tu seras à l’abri de mauvaises surprises, mais n’oublies pas que si tu bénéficies aujourd’hui de ce type d’option, c’est précisément parce que tu vis dans une démocratie. Profites-en. 

Un “tri sélectif” sur la base de quelques valeurs essentielles devrait donc aboutir à l’élimination de toute candidature ou toute organisation ne présentant pas les garanties souhaitées. 

Il ne s’agit pas de savoir si nous avons tort ou raison, mais d’établir une hiérarchie personnelle des principes que nous jugeons intangibles. À chacun les siens, mais si nous voulons être cohérents avec nous-mêmes,  tentons au moins de les respecter. 

Alors, dans ce qui constitue la doctrine d’un parti ou de tout personnage politique, qu’est-ce qui est, selon nous,  indispensable, acceptable, ou carrément éliminatoire ?

La démocratie, le moins mauvais des régimes

Nous pouvons bien sûr évoquer le respect des libertés, l’attachement à la laïcité, à l’universalisme et à quelques valeurs fondatrices d’une société évoluant en paix, mais la démocratie est un préalable à tout. De nombreux politiciens et philosophes ont expliqué qu’il s’agissait du moins mauvais des régimes, ou du meilleur comparé à tous les autres.

En effet, il n’y a qu’une seule alternative à la démocratie, c’est le régime autoritaire donc la dictature, qu’elle soit théologique, militaire, monarchique ou autre. Vivre en démocratie, c’est par exemple être certain qu’aux prochaines élections présidentielles, c’est une candidate ou un candidat librement désigné par le peuple qui exercera le pouvoir durant cinq ans s’il s’agit d’un quinquennat. C’est avoir la certitude que, sauf à se livrer à des modifications grossières de nos institutions ou recourir au coup d’État, la personne élue devra restituer le pouvoir si le scrutin le décide. Cette garantie est en réalité ce qui distingue le plus clairement la démocratie d’un régime autoritaire.

Nous le savons bien, les dictateurs ne rendent pas le pouvoir, ou très difficilement. L’histoire récente ne manque pas d’exemples éclairants. Dans la Russie de Poutine, être un opposant politique est non seulement très dangereux pour sa vie (Prigojine, Navalny et d’autres) mais c’est aussi être confronté à une implacable censure avant d’être admis en qualité de candidat aux élections. Seuls ceux désignés par le pouvoir en place sont autorisés à se présenter, de faux opposants inoffensifs permettant à Poutine une victoire écrasante. 

La dernière élection présidentielle russe a clairement démontré que la démocratie ne se résume pas au suffrage universel. Si le pouvoir en place ne permet pas aux diverses sensibilités politiques de s’exprimer et de candidater, le peuple vote, bien sûr, mais en étant privé de la liberté de choix. Il n’est donc pas abusif d’affirmer que la Russie vit sous la dictature imposée par son Président. 

La confiscation du pouvoir est également une habitude dans quelques pays africains, dans les théocraties (Iran, Afghanistan par exemple), en Chine, en Syrie, au Venezuela, à Cuba, en Corée du Nord, etc… Aux États-Unis, avec l’attaque du Capitole finalement contrée, Trump a failli réussir un coup d’État. Bolsonaro a été tenté lui aussi par une manœuvre du même type au Brésil après sa défaite électorale… 

La démocratie, c’est la possibilité pour le peuple de choisir librement ses dirigeants, donc de changer d’avis, de se tromper parfois ou d’être trompé et de sanctionner ensuite, tout cela à intervalles réguliers, fixés par la loi. 

La démocratie, c’est la préservation des libertés fondamentales, celle de se déplacer, celle de s’exprimer donc de critiquer, de s’opposer, de revendiquer, celle de créer, d’entreprendre… 

Alors oui, définitivement, la démocratie est le moins mauvais des régimes politiques, le seul qui puisse aujourd’hui être l’objet d’un choix délibéré par un peuple lucide

Nos leaders politiques sont-ils (sont-elles) des démocrates ?

Alors, que penser de nos propres leaders politiques, de leurs combats, de leurs programmes, de leurs affinités avec tel ou tel dirigeant étranger, de leurs votes lorsqu’ils ou elles sont en poste ? Que penser de l’attachement plus ou moins élastique de certains et certaines à la démocratie ? L’essentiel de la réponse à cette question tient dans une constante historique : partout, de tous temps, la démocratie a été bafouée par des hommes, des femmes, des partis situés aux extrêmes des deux bords. Et partout, de tous temps, les alternances de pouvoir respectueuses des décisions des peuples sont le fait de classes politiques dites modérées parce que justement situées quelque part entre ces extrêmes. 

Évacuons d’emblée la composante souvent péjorative du concept de modération. Être modéré ne signifie pas manquer d’ambition ou renoncer à bousculer des ordres établis. Simone Veil, Robert Badinter ont par exemple fait triompher de haute lutte des causes qui semblaient perdues d’avance tant elles étaient minoritaires dans l’opinion. Ces deux personnages d’abord violemment combattus et finalement très respectés, reconnus comme essentiels dans l’histoire de France, étaient des modérés, et des démocrates convaincus.

Nos leaders politiques des extrêmes, de droite ou de gauche, se présentent évidemment comme d’ardents défenseurs de la démocratie pour au moins une raison : ne pas le faire serait électoralement suicidaire. Alors, la dédiabolisation des uns, le maquillage plus ou moins subtil des autres, mythes ou réalités ?  

Un principe me semble difficilement contestable : se dire démocrate, prétendre défendre sans ambiguïté la démocratie tout en s’abstenant de critiquer ou mieux, sans combattre les régimes dictatoriaux et ceux qui les dirigent relève de l’escroquerie intellectuelle.

Puisqu’il s’agit ici d’évaluer la conception de la démocratie qu’ont nos partis des extrêmes, voyons tout d’abord ce qu’il en est du côté gauche de notre spectre politique, et de son seul parti d’importance significative, la France Insoumise. 

Jean-Luc Mélenchon, son créateur est-il oui ou non guidé par un indéfectible attachement à une organisation démocratique de la société ? Ce ne sera pas le seul critère d’évaluation, mais si l’on en juge par le fonctionnement de son parti, la réponse est clairement non.

Fondé en 2016, LFI avait pour vocation de promouvoir la candidature de Mélenchon aux élections présidentielles de 2017. Cela fut plutôt bien fait, son chef échouant de peu à accéder au second tour. Le cap a été mis très rapidement sur l’échéance de 2022 avec une équipe peu remaniée, mais  la défaite s’est avérée bien plus nette, l’extrême droite étant la seule composante à progresser.

Des voix au sein même du parti ont commencé à s’élever, des critiques relatives aux positions du chef, et le visage autocratique de Mélenchon s’est alors révélé à la France entière. Il décida de se retirer de la direction opérationnelle du parti sans pour autant qu’il soit question de consulter les cadres, ni bien sûr, les militants. Mélenchon ne propose pas, il désigne, il nomme et il écarte. Audiard dirait “il ventile”. Les caciques qui ont eu le culot d’émettre des réserves ont été mis au placard. Exit Alexis Corbières, Raquel Garrido, Danielle Simonnet et quelques autres parce qu’insoumis au chef. Ces députés sortants en juin 2024 ont même été éliminés de la liste d’investiture aux élections législatives. Furent nommés Manuel Bompard patron opérationnel du parti (en lieu et place du favori Adrien Quatennens empêtré dans une affaire de violence conjugale), Mathilde Panot présidente de groupe à l’Assemblée Nationale etc… La France Insoumise est la chose de Jean-Luc Mélenchon. Le seul député de ce parti qui prend parfois ses distances avec les outrances du patron sans être voué aux gémonies est François Ruffin, sans doute protégé par une popularité grandissante auprès des militants. Dire de ce parti qu’il est dirigé de manière très autoritaire est un doux euphémisme. 

Alors, cette sorte de dictateur à l’intérieur de son parti pourrait-il se révéler malgré tout un démocrate accompli dans l’exercice du pouvoir ? Qu’est-ce qui, dans ses programmes électoraux, ses consignes de vote aux députés à Paris ou à Bruxelles, ses fréquentations, ses affinités, qu’est-ce qui laisse à penser que la France dirigée par monsieur Mélenchon et son parti le serait de manière démocratique ?  Il ne s’agit pas ici d’analyser un projet politique dans sa globalité, libre à chacun d’adopter ou de rejeter celui développé par LFI, mais bien de rester focalisé sur le niveau de respect de la démocratie, pierre angulaire d’une société en capacité de s’exprimer librement. 

Depuis longtemps, Jean-Luc Mélenchon a une idée fixe : il déteste les États-Unis, sans doute parce que ce pays symbolise à ses yeux la quintessence du capitalisme. C’est son droit de le penser. C’est son droit de préférer d’autres alliances politiques, économiques ou culturelles que celles existant historiquement avec les américains.

Jean-Luc Mélenchon est fasciné par des dirigeants infréquentables

Mais tout de même, souvenons-nous par exemple d’un de ses discours de campagne, le 6 mars 2022, au cours duquel le tribun (il faut lui reconnaître ce talent) condamna l’invasion alors récente de l’Ukraine par les troupes russes, pour quelques minutes plus tard annoncer sa volonté de quitter l’OTAN, qualifiée “d’organisation inutile”. Faire mine de critiquer Poutine tout en lui proposant cet incroyable cadeau dans la foulée… Le 24 mars 2024, Manuel Bompard se félicitait d’avoir voté contre l’intégration de l’Ukraine à l’OTAN, contre son intégration à l’Union Européenne, contre l’envoi de troupes françaises en Ukraine… Sur de nombreux votes relatifs à des sanctions contre la Russie ou à des résolutions de soutien à l’Ukraine, dans les meilleurs des cas, les députés LFI se sont abstenus. Nous sommes très loin d’une condamnation claire des agissements du dictateur Poutine, loin du comportement attendu d’un démocrate.

Autre illustration de la personnalité de Mélenchon qui peut sembler anecdotique mais qui ne l’est pas du tout, bien au contraire : lors de la campagne pour les présidentielles de 2017, l’adhésion à l’Alliance Bolivarienne était bien dans son programme. Certes, elle a disparu de celui de 2022 mais reste significative des affinités électives du leader de la France Insoumise. Pour mémoire cette alliance regroupe Cuba, la Bolivie, le Nicaragua, le Venezuela de Maduro et quelques autres petits pays, la Dominique, la Grenade etc…. Elle fut créée à l’initiative de Chavez et Raoul Castro, qui sont, comme chacun sait, de véritables modèles en matière de démocratie ! Cette alliance réunit également des pays dits “observateurs”, dont l’Iran et la Syrie de Bachar al-Assad, excusez du peu. L’adoption en position éligible de Rima Hassan dans la liste LFI des élections européennes, cette activiste pro Hamas hostile à la solution à deux États, militante de la Palestine “du Jourdain à la mer” agissant sous l’œil bienveillant du boucher syrien, le refus de voter une résolution européenne contre la République Islamique d’Iran, autant de faits concrets qui ne font que confirmer le positionnement idéologique de Mélenchon et sa fascination pour des dirigeants qui devraient pourtant être décrétés infréquentables. La France Insoumise et son chef ne peuvent être considérés comme appartenant à ce qu’il convient d’appeler l’arc républicain, leur accession au pouvoir étant potentiellement dangereuse pour la démocratie, donc pour les libertés dont nous bénéficions aujourd’hui. 

LFI et RN ne sont pas équivalents mais les similitudes sont nombreuses

Les discours populistes à destination des classes les plus défavorisées n’y changent rien. D’ailleurs, celles-ci semblent  succomber dorénavant à une autre forme de démagogie, celle de l’extrême-droite, et ces reports d’audience et de voix sont maintenant terriblement préoccupants. Si les chances d’accéder au pouvoir sont devenues négligeables pour la France Insoumise, elles sont bien réelles aujourd’hui pour le Rassemblement National. Or, les similitudes entre Mélenchon et Le Pen ne sont pas une vue de l’esprit. Les deux se rejoignent souvent dans leurs soutiens étrangers et dans leurs indignations affichées. Les positions pro-Poutine sont fréquemment partagées, et cela ne date pas d’hier. Lorsque François Hollande a par exemple décidé en 2015 de ne pas honorer la livraison de navires militaires Mistral à Moscou, Madame Le Pen a parlé de “faute lourde qui porte gravement atteinte à la crédibilité même de la France” pendant que Mélenchon dénonçait “une trahison insupportable qui dévalorise totalement la parole donnée par notre pays”. Dans le programme présidentiel de Le Pen, au chapitre La Défense : Réarmer la France-Puissance on pouvait lire ceci : “la priorité sera de quitter le commandement intégré de l’OTAN”, l’OTAN, ce truc que Mélenchon qualifie d’organisation inutile… Bien des votes au Parlement Européen concernant des résolutions de sanctions contre la Russie ou de soutien à l’Ukraine voient se rejoindre LFI et le RN… Blanc bonnet et bonnet blanc.

J’évoquais précédemment la gestion autocratique de la France Insoumise. Rappelons-nous également que si la démocratie s’était imposée au Front National, Marine Le Pen n’en serait pas devenue présidente. Son père, au moment de se retirer, a organisé, conformément aux statuts du parti, des élections afin de désigner un nouveau président, ou plutôt une présidente. Il était probablement certain que sa fille serait élue par les militants du parti alors qu’elle a finalement été battue par Bruno Mégret ! Mais en bon démocrate qu’il était, Jean-Marie Le Pen a décidé d’annuler le vote pour “nommer” sa chère Marine présidente du FN. Comme LFI est la chose de Mélenchon, le RN ex-FN est une entreprise familiale.  

Dis-moi qui tu fréquentes

Dans le registre des fréquentations, un mot relatif aux relations entre le FN puis le RN, Marine Le Pen et le GUD (Groupement Union Défense), cette organisation néo-nazie ultra violente crée en 1968 au parcours chaotique (plusieurs mises en sommeil, réapparition brève sous le nom de Bastion Social, à nouveau dans l’actualité), proche de Jean-Marie Le Pen dans les années 90. Le GUD a été notamment dirigé de 1991 à 1995 par un certain Frédéric Chatillon, chef d’entreprise sulfureux, assisté d’Axel Lousteau qui défilait encore le 6 mai 2023 à Paris dans cette manifestation fasciste qui a marqué les esprits avec ses cagoules noires, ses croix celtiques et les intimidations des passants.

Chatillon, via sa société Riwal, assura la propagande en France du régime syrien d’Hafez el-Assad puis de Bachar, dictateurs de père en fils  qui contribuèrent au financement du GUD. Il se singularisera notamment en organisant une manifestation contre la commémoration du 50ème anniversaire du débarquement, qualifiant les américains “d’ennemis de l’Europe”. Riwal devint très rapidement prestataire de service du FN, assurant une part importante de sa communication, puis de Jeanne, le micro parti de Marine Le Pen dont Axel Lousteau sera le trésorier jusqu’en juillet 2022. Elle a beau expliquer aujourd’hui qu’elle a pris ses distances d’avec ces messieurs, la société Unanime détenue par Chatillon et son épouse est chargée de l’impression des revues du RN depuis 2020 et bénéficie de juteux contrats avec le groupe ID où siègent les députés européens du Rassemblement National à Bruxelles. En juin 2023, elle confirme que la communication numérique de son parti est confiée à E-Politic, société dont Chatillon est actionnaire. Chatillon, l’ami non seulement de Bachar el-Assad, mais aussi de Soral, de Faurisson, de CasaPound ce groupe fasciste italien, est donc aussi l’ami de Marine le Pen depuis le début des années 90 et l’Université parisienne d’Assas où elle a fait ses études de droit et sympathisé avec des membres du GUD.

Une autre manière de détricoter la stratégie dite de dédiabolisation consiste à examiner les relations de madame Le Pen à l’étranger ou ses déclarations relatives aux événements politiques hors de France. Un seul exemple significatif : on pouvait penser que le courant allait merveilleusement passer entre elle et la mussolinienne Georgia Meloni, et bien non. Meloni, sous la contrainte de l’Europe et ses subventions, a pris ses distances avec la Russie et soutient les mesures en faveur de l’Ukraine. Si elle réussi à mettre au pas l’audiovisuel public italien, elle a dû mettre beaucoup d’eau dans son Chianti en matière de lutte contre l’immigration. Alors l’ami italien de Le Pen, c’est plutôt Matteo Salvini, ouvertement néofasciste, ami revendiqué de Poutine. Le reste est à l’avenant, Vox en Espagne, le raciste en chef Geert Wilders aux Pays-Bas, le hongrois Viktor Orban, poutinien, adversaire déterminé de l’Europe, homophobe…

Comment croire, dans ces conditions, que Marine le Pen puisse être fondamentalement une démocrate ? Comment imaginer que si elle parvenait au pouvoir, elle le rendrait sans difficulté si le peuple prenait conscience de sa vraie nature ? Après la dissolution de l’Assemblée Nationale par Emmanuel Macron, un avocat d’extrême droite, Pierre Gentillet, investi par le Rassemblement National  pour les élections législatives, disait dans une interview qu’une fois au pouvoir, le RN pourrait “tout faire”, à condition de mettre au pas le Conseil Constitutionnel ! Symptôme de peste brune par excellence…

En réalité, monsieur Mélenchon et madame Le Pen dirigent pareillement des partis totalitaires sans aucune démocratie interne. Par ailleurs, non seulement ils ne combattent pas mais ils affichent au contraire de véritables complicités avec des régimes dictatoriaux  ou des gens dont le projet repose sur la privation de liberté des peuples. 

Ne pas accepter de prendre en compte les risques que ces dirigeants politiques font courir à la démocratie, donc aussi à toutes les formes de liberté auxquelles nous sommes attachés depuis des décennies, liberté d’expression, de circulation, de créer, d’entreprendre, de s’opposer, de voter pour qui bon nous semble, ne pas considérer ce danger-là relève dans le meilleur des cas d’une forme de naïveté, d’un aveuglement lié à un possible dépit face à l’échec ressenti des politiques conduites depuis des années, de crédulité provoquée par la manipulation médiatique. 

En revanche, si ces risques sont reconnus, acceptés, validés en conscience, alors nous avons à faire à des personnes qui ne sont pas effrayées par l’instauration d’un régime autoritaire, ou peut-être même qui le souhaitent. Des gens prêts à renoncer à des libertés pour une promesse illusoire de sécurité, des gens contestant les principes guidant la civilisation occidentale, prêts à prendre leurs distances avec l’Europe et les États-Unis pour se livrer inéluctablement à Poutine qui n’attend que ça. Des gens qui, bien souvent, nient l’importance de la laïcité, des gens qui sont des obstacles à l’universalisme, ce principe fondateur de l’égalité des êtres humains partout sur la planète.    

Le choix en politique n’est pas entre le bien et le mal mais entre le préférable et le détestable.” Ces mots de Raymond Aron disent bien la difficulté de l’action politique dès l’instant qu’elle vise à améliorer le sort de la population. Que même les dirigeants dotés des meilleures intentions ne peuvent parfois pas faire mieux qu’éviter le détestable. Mais ceux qui n’ont pas la démocratie comme boussole peuvent faire illusion quelque temps avant d’imposer une forme de totalitarisme. Et d’être en permanence dans le détestable.   

Parce que depuis la fin de la seconde guerre mondiale nous vivons en démocratie, certains ont toute latitude  pour manœuvrer afin d’atteindre leurs véritables objectifs. Il peut s’agir pour les uns (et unes) de dédiabolisation, procédé qui consiste à maquiller le diable pour le rendre attrayant le temps de l’élection, pour d’autres d’enfumage sous couvert d’image de petit père des peuples. Tôt ou tard, la fumée se dissipe et le démaquillage s’impose.

Alors, si toi aussi tu tiens à la démocratie, tu ne peux pas t’exonérer de ce type de réflexion, de l’analyse des risques que font courir telle ou tel personnage politique à nos libertés fondamentales. Tu pourras bien sûr te pencher aussi sur les programmes, mais ça, c’est une autre histoire.

Démocratie d’abord. Démocratie par-dessus tout.

MT

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