Il n’est pas certain qu’Emmanuel Macron ait été très pertinent dans sa tirade sur le genre neutre lors de l’inauguration de la Cité Internationale de la Langue Française.
Historiquement, il est exact d’affirmer que le masculin est neutre. C’est un constat.
Ne parle-t-on pas de « l’homme » pour évoquer « l’humanité » entière ? Des droits de l’homme, qui sont aussi ceux de la femme ?
Rappeler cette réalité ne signifie pas renoncer à toute évolution. Considérer que la langue doit rester figée en confirmant la prééminence masculine serait une faute que le président n’a pas commise, mais son propos a singulièrement manqué de clarté.
Le masculin fait bien le neutre sur la forme, mais sur le fond, sa domination, donc son absence de neutralité reste malheureusement un problème.
En revanche, affirmer que le recours à l’écriture inclusive serait une solution dans la lutte pour l’égalité femmes/hommes est ridicule.
Tout d’abord parce que cet avatar du wokisme ne concernerait éventuellement que l’expression écrite de la langue. Or, c’est d’abord par son oralité qu’une langue évolue. L’écrit n’est qu’une mise en forme sur le papier (ou les écrans), et son adaptation à l’oral une affaire de grammairiens sans grand intérêt car il s’agit là de pure mécanique.
L’égalité femmes/hommes passe par la féminisation des mots et par l’éducation
Traiter la question de la féminisation de la langue ne passe pas par l’insertion de tirets et de points, solution très puérile qui a, entre autres dons, celui de la rendre illisible. Est-il possible, au passage, de faire remarquer aux thuriféraires de l’écriture inclusive qu’elles (et ils) ont le mauvais goût de privilégier la version masculine des mots ? Pourquoi, en effet, n’écrivez-vous pas directrice-teur, étudiante-diant, moqueuse-queur, etc… hein, pourquoi ? Ce serait logique et parfois plus drôle.
En réalité, l’égalité femmes/hommes, s’agissant de la langue, passe par la féminisation des mots. De réels progrès ont été accomplis récemment et il faut poursuivre. Cette égalité passe aussi et surtout par l’évolution des mentalités, donc par l’éducation. Réussir, par exemple, à parler « d’humanité » et non plus « d’homme » lorsque l’on désigne l’espèce humaine ne devrait pas être un objectif si difficile à atteindre. Finir par gommer toute hiérarchie genrée aussi.
La langue évolue d’abord en étant parlée ou même chantée. C’est normal. L’écrit doit, le plus simplement possible, refléter cette évolution en conservant sa tonalité, en préservant sa lisibilité de recours à des gadgets qui la différencient radicalement de l’oral.
Le genre neutre n’est rien d’autre qu’une catégorie grammaticale qu’il convient de faire évoluer. Emmanuel Macron aurait été bien inspiré de le préciser plutôt que de laisser penser, à tort ou à raison, que ce n’est pas un sujet de réflexion.
Marc T