Il faut hélas se rendre à l’évidence, le RN domine largement tous les autres partis et ses chances d’accéder au pouvoir en 2027 sont bien réelles.
Inutile d’être fin politologue pour y voir quelques raisons évidentes :
– les partis dits « de gouvernement » ont TOUS des bilans très critiquables. Des services publics (école, justice, santé, sécurité) en souffrance, des finances dans un état catastrophique après 50 ans de déficits sans interruption, le tout malgré un record du monde quasiment permanent des prélèvements obligatoires. L’échec est généralisé (de 1975 à nos jours) et objectivement incontestable.
– À l’extrême-gauche, Mélenchon s’est définitivement décrédibilisé, et nombre de ses électeurs naturels se sont déportés justement vers le Rassemblement National.
– Le RN aurait donc pour argument majeur mais terriblement réducteur le fait qu’il n’aurait « pas été essayé ».
De nombreux sondages affirment que 40% des français vivent mal ou très mal un flot d’informations assez désespérantes, plus ou moins orientées, rarement étayées, et par fatigue ou paresse, ne creusent pas les propositions alternatives, dont précisément celles du RN.
Ils pensent pouvoir faire l’impasse sur toutes les analyses un peu sérieuses qui montrent que le projet de budget du RN est d’un amateurisme invraisemblable, truffé de contrevérités, de mensonges et de mesures inapplicables.
Il y aurait matière à développer sur des dizaines de pages. Deux exemples seulement de la folie budgétaire de ces gens :
– la réduction forcée de la participation de la France au budget de l’Europe qui aboutirait, selon toutes les études un peu sérieuses, à une sorte de frexit aux conséquences catastrophiques pour notre agriculture, notre industrie, etc…
– même s’ils se font actuellement discrets sur le sujet, la retraite à 60 ans (!), chef d’œuvre de populisme irresponsable est bien dans leur tiroir.
L’impasse porte aussi, malheureusement, sur les liens du RN à l’international qui sont une terrible source d’angoisse pour la paix en France et en Europe.
Pour mémoire, Bardella est à Bruxelles président du groupe « Patriotes pour l’Europe », groupe réunissant des députés européens d’extrême-droite créé par Orbán en 2024, l’ami fidèle et obligé de Poutine… Ces 40% d’électeurs prêts à voter RN, comment peuvent-ils croire un seul instant que ces liens avec la Russie qui prépare la guerre vont s’éteindre avec son arrivée au pouvoir ? Ignorer ce sujet n’est que pure folie…
Le véritable drame, c’est le demi-siècle d’alternances insatisfaisantes qui jette tous les esprits épuisés ou faibles vers des solutions non encore exploitées mais à l’évidence pires que tout socialement, dangereuses économiquement et pour nos relations internationales.
« Il ne faut donc rien changer? » me demandait sur un réseau social un de mes interlocuteurs (appelé aussi ami FB).
Si, il faut changer, et vite.
Mais je continuerai pour ma part à voter comme je le fais depuis 50 ans, hélas sans conviction forte, sans aucun plaisir, presque toujours par défaut, mais contre les extrêmes de tous bords, contre les simplismes qui séduisent facilement beaucoup de nos compatriotes mais qui nous amèneraient dans le mur en accélérant encore.
Je le ferai en espérant, non pas contribuer à faire élire une femme ou un homme providentiel dont je suis convaincu qu’il ou elle n’existe pas, mais en rêvant d’assister enfin à une prise de conscience collective, à la fin des corporatismes, du règne des intérêts partisans, des ambitions personnelles, en croyant possibles des compromis visant à un retour à l’indispensable prospérité du pays, le premier des nerfs de la guerre qui nous attend, indispensable à la relance d’une politique profitable à tous.
Et cela même si l’époque est peu propice à la raison et la nuance.
Même si toutes les catastrophes sont donc possibles.
MT
