Coq sur un tas de fumier

Douce France

Douce France 
Cher pays de mon enfance
Berceau de tant d’insouciance… 🎶

Ça, c’était avant.
L’insouciance a laissé la place à l’inquiétude, à des angoisses même, dont certaines sont bien sûr irrationnelles, d’autres pas.

Il y aurait bien quelques raisons de se réjouir, mais le pays glisse inexorablement dans la dépression.
Conflits sociaux, montée des populismes, menaces sur la laïcité, les libertés, la démocratie, un Président que la plupart de ses opposants détestent, haïssent même. Il porte bien sûr sa part (rien que sa part) de responsabilité dans ce rejet qui atteint un niveau inédit, si élevé que l’expression démocratique s’en trouve entravée.

Malgré des crises majeures sans équivalent depuis mai 68, gilets jaunes, Covid, guerre en Ukraine, la France s’approche du plein emploi, maintient quoiqu’il en coûte des aides et autres boucliers tarifaires comme elle seule sait le faire. Elle conserve, dans la douleur certes, mais oui, elle conserve un niveau de protection sociale unique, et pourtant…

Pourtant, elle travaille moins que l’ensemble des pays comparables (le PIB par habitant est factuel, pas contestable), ses notes dans les classements des écoles ne cessent de se dégrader, le niveau des élèves baisse inexorablement, son influence culturelle s’étiole doucement…

Pourtant, elle est le pays, avec le Danemark, où les prélèvements obligatoires sont les plus élevés, le pays où les dépenses sociales sont, et de loin, les plus généreuses mais aussi celui dont les habitants se disent les moins heureux… Elle est ce pays qui, malgré les ponctions faramineuses de l’État sur la richesse produite, connaît d’invraisemblables difficultés dans tous les domaines régaliens, l’hôpital, l’école, la justice qui continue de crouler sous les dossiers malgré des hausses historiques de son budget depuis 5 ans, ce pays qui n’est toujours pas capable de payer les millions d’heures supplémentaires dûes aux forces de l’ordre…

Elle est le pays où l’on réclame de travailler moins tout en exigeant toujours plus la protection de l’État.
Les syndicats, dans leur rôle, mais aussi les organisations professionnelles avec son cortège d’exigences corporatistes, les élus locaux à qui l’on serait bien inspiré, par parenthèse, de confier plus de pouvoir et de responsabilités via une vraie politique de décentralisation.

Les français ont fini par croire que l’excellence ne créé que des inégalités, ils ne comprennent plus que l’argent dans sa totalité, SANS AUCUNE EXCEPTION, provient de la création de richesse par le monde marchand et qu’en méprisant la richesse on met aussi en danger tout le fonctionnement de la société, y compris, bien sûr, la protection sociale.

La France est un pays qui cède aux sirènes des prophètes de la super taxation des « super riches » sans préciser les niveaux concernés et sans réaliser que dans un monde ouvert, une fiscalité confiscatoire provoquerait rapidement des effets inverses à ceux escomptés.

Nous nous interrogeons aussi beaucoup à l’occasion de la réforme des retraites, sur la valeur au sens philosophique du travail, et cette question est légitime. Mais le dénigrer systématiquement ne peut qu’aboutir à des déséquilibres majeurs, à une aggravation des souffrances sociales qu’il n’est évidemment pas question de nier ici.

Enfin, il y a une autre réalité cruciale qui échappe aux marchands de bonheur pas cher : l’État n’est pas un puits sans fond, et nous n’allons plus tarder à le réaliser. Son endettement est abyssal, et il continue d’emprunter en moyenne un milliard d’euros par jour. Le mur qui se construit depuis un demi-siècle, ces déficits accumulés sans interruption depuis 1974, ce mur se rapproche maintenant dangereusement. Il va bientôt falloir commencer à payer sous la contrainte des prêteurs, se résoudre à augmenter les impôts et diminuer les prestations sociales. Celles et ceux qui par naïveté ou par dogmatisme préparent un tel héritage aux générations futures porteront une écrasante responsabilité.

Et l’image du coq sur son tas de fumier sera plus que jamais symbolique d’une France ni douce, ni insouciante, mais recroquevillée, frileuse, et liberticide.

Marc T

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