Ça devient insupportable.
Que l’on considère, à l’heure de #meetoo, la galanterie comme une valeur totalement désuète, soit. On peut aussi, comme l’écrivaient les 100 femmes dans une tribune publiée dans Le Monde au moment de l’affaire Weinstein, dire qu’elle peut être maladroite, voire n’être parfois qu’un outil de drague insistante, lourde, mais qu’elle n’est pas forcément une « agression machiste ».
Il doit bien y avoir quelques individus qui estiment qu’une femme invitée au restaurant devient sexuellement redevable, c’est plus que probable. À proportion, sans doute du pourcentage de crétins qui déambulent dans la société. Qu’il y en ait qui ne supportent pas l’idée d’être invité par une femme, voire de partager l’addition, c’est aussi très possible.
Vaut-il mieux que nous nous claquions tous les portes au nez ?
Alors bien sûr, tout ce qui ressemble, de près ou de loin à un instrument de domination doit être combattu.
Mais franchement, tenir la porte à une femme, est-ce plus condamnable que la tenir à un homme que l’on précède en entrant quelque part ? Tenir la porte à une jolie femme est-il plus scandaleux que de la tenir à une vieille grand-mère qui se déplace difficilement ? Vaut-il mieux que personne ne tienne la porte à personne, ou, pourquoi pas, que nous nous claquions tous les portes au nez ?
La gentillesse, la courtoisie la plus élémentaire deviennent, au fil du temps, des agressions. Dans toutes les formes de militantisme, depuis toujours, il y a des excès. Le problème, lorsque la cause est juste, et le féminisme est évidemment une cause juste, c’est que ces excès qui croient la défendre, la desservent gravement.
Simone de Beauvoir ou Gisèle Halimi, qui symbolisent le mieux la revendication d’une égalité totale entre les hommes et les femmes, n’ont jamais développé d’arguments hostiles au genre masculin. Elles ont certes combattu des idées défendues par certains hommes qui avaient une vision patriarcale de la société, elles ont encouragé les femmes à se battre pour l’égalité, sans pour autant se vautrer dans la haine des hommes.
Or, de nombreuses militantes actuelles, Alice Coffin en tête, et dans une moindre mesure Caroline de Haas, sont des spécialistes des attaques non pas envers des hommes, un système judiciaire ou éducatif défaillants, mais contre le genre masculin dans son ensemble.
Comme d’autres engagements, le féminisme est une lutte de tous les instants, mais cette cause, comme les autres, ne peut progresser que si l’on ne se trompe pas d’adversaire. Nous en arrivons à un stade tel que dans certaines entreprises, un homme ne prend plus l’ascenseur seul avec une collègue. Que laisser sa place dans les transports en commun ou tenir la porte à une femme devient une arme puissante du système patriarcal…
Est-il possible de rappeler à ces intégristes que pour une très large majorité des hommes, et des femmes, ces gestes bienveillants sont pour la plupart gratuits. Et que lorsqu’ils sont produits dans le cadre d’une entreprise de séduction, non seulement ce n’est pas à priori condamnable, mais les supprimer reviendrait à éradiquer des millions d’histoires d’amour. Plutôt dommage, non ?
Marc T.