Ainsi l’Italie a désigné Giogia Meloni pour gouverner.
Avec une abstention record, comme on en connaît maintenant dans la plupart des démocraties, Fratelli d’Italia a obtenu 26% des suffrages, mais avec l’appui de la Liga de son ami Salvini (9%) et celui de l’insubmersible botoxé Berlusconi (8%), Meloni est en mesure d’exercer le pouvoir.
En quelques semaines, l’extrême droite aura progressé de manière spectaculaire en Suède, et donc, en Italie.
Des politologues avertis nous ont expliqué la percée suédoise par une gestion très laxiste de l’immigration. Le règlement dit Dublin III de la Commission Européenne est probablement responsable du niveau élevé de l’extrême droite en Italie, en concentrant de fait à Rome la plupart des demandes d’asile des migrants qui souhaitent entrer en Europe. Soit, mais au nord comme au sud du continent, l’immigration ne suffit pas à expliquer le glissement continu depuis plus d’une décennie des électorats de pays démocratiques vers des offres politiques plus ou moins fascisantes.
Dieu, patrie et famille, le slogan de campagne de Giogia Meloni, contrairement à ce qu’elle affirme aujourd’hui, rappelle qu’elle n’est pas sortie de sa nostalgie mussolinienne, ni de son attachement à l’intégrisme catholique, toujours bien présent en Italie. Aujourd’hui elle n’a pas cessé de clamer son admiration pour Poutine tout en s’affichant (depuis peu) favorable au soutien de l’Europe à l’Ukraine. Ne nous leurrons pas, l’enveloppe de 200 milliards d’euros du plan de relance européen destinée à l’Italie l’oblige sans doute à un minimum de réalisme.
Mais ses attaques perdurent avec toujours plus de violence envers, l’islam, l’immigration, les homosexuels, le mariage pour tous et l’adoption homoparentale, l’avortement (sans dire vouloir l’interdire), Bruxelles, l’OTAN etc… Voilà qui les italiens ont élue hier.
L’amie de Viktor Orban, l’admiratrice de Poutine, de Trump, de Bolsonaro, a bien sûr reçu aujourd’hui les félicitations de Marine Le Pen et d’Éric Zemmour.
Ce matin, Michela Marzano, philosophe et enseignante à l’Université Paris Descartes, disait ceci sur France Inter : « Je suis effondrée. J’ai peur pour l’Italie, pour l’Europe, pour les femmes, pour les étrangers, pour les homosexuels. Tout ce qu’elle a dit, Meloni va le faire. Cette femme est dangereuse. »
Je ne peux hélas que me répéter : le délitement des démocraties semble inexorable et l’avenir s’assombrit partout, y compris en France. On peut d’ailleurs se demander si la principale réussite du second (donc dernier) quinquennat d’Emmanuel Macron ne serait pas d’éviter l’arrivée au pouvoir de Madame Le Pen en 2027…
Seule petite lueur d’espoir pour nos voisins transalpins, l’instabilité record de la situation politique italienne : depuis 1946, l’Italie a connu 71 gouvernements et 26 chefs de gouvernement. Peut-être le sursaut du peuple italien se produira-t-il dans quelques mois, renvoyant Madame Meloni dans l’opposition…
Marc T