> Sources d'inspirations

Hannah Arendt

La  société de masse ne veut pas la culture, mais les loisirs.

C’est dans le vide de la pensée que s’inscrit le mal.

Les mots justes trouvés au bon moment sont de l’action.

La liberté d’opinion est une farce si l’information sur les faits n’est pas garantie et si ce ne sont pas les faits eux-mêmes qui font l’objet du débat.

photo de Raymond Aron

Raymond Aron

C’est la gauche communiste qui m’a appelé « libéral » parce que je défendais la démocratie représentative et refusais l’économie d’autorité centrale de type soviétique.

J’ai eu tendance, souvent, à penser que l’ignorance et la bêtise sont des facteurs considérables de l’histoire. (Le spectateur engagé)

Le choix en politique n’est pas entre le bien et le mal mais entre le préférable et le détestable.

Ceux qui croient que les peuples suivront leurs intérêts plutôt que leurs passions n’ont rien compris au XXème siècle.

Je ne vois pas de paix au Moyen-Orient, parce qu’il s’agit dans ce cas d’un conflit Ă  mort, puisque l’enjeu, c’est la possession d’un sol, et d’un sol qui est sacrĂ© Ă  la fois pour les juifs ou les IsraĂ©liens et pour les musulmans ou les Arabes ou les Palestiniens, comme vous voudrez. Donc dans ce cas prĂ©cis, je ne vois pas la paix. (1969) 

Photo de Roland Barthes

Roland Barthes

Le fascisme, ce n’est pas d’empêcher de dire, c’est d’obliger à dire.

Photo d'André Breton

Andre Breton

On ne prend pas sans danger des libertés avec la liberté.

Photo d'Albert Camus

Albert Camus

La liberté, seule valeur impérissable de l’histoire.

Les doutes, c’est ce que nous avons de plus intime.

Le besoin d’avoir raison – marque d’esprit vulgaire.

On ne dĂ©cide pas de la vĂ©ritĂ© d’une pensĂ©e selon qu’elle est de droite ou de gauche et encore moins selon ce que la droite et la gauche dĂ©cident d’en faire.

Je ne peux pas vivre longtemps avec les êtres. Il me faut un peu de solitude, la part d’éternité.

N’attendez pas le jugement dernier. Il a lieu tous les jours.

Nous Ă©touffons parmi des gens qui pensent avoir absolument raison.

S’il est une chose qu’on puisse désirer toujours et obtenir quelquefois, c’est la tendresse humaine.

Dans un monde d’une absurdité apparemment si épaisse, il faudra bien arriver à une plus grande compréhension des hommes entre eux, à une plus grande sincérité. Il faudra y arriver ou périr.

Ce n’est plus d’être heureux que je souhaite maintenant, mais d’être conscient.

Rien n’est plus méprisable que le respect fondé sur la crainte.

L’absurde absolu pour un humain, c’est de se trouver vivant sans raison de vivre.

Alors peut-être, dans une nation libre et passionnée de vérité, l’homme recommencera à prendre ce goût de l’homme sans quoi le monde ne sera jamais qu’une immense solitude.

Ceux qui ne sont pas curieux : ce qu’ils savent les dégoûte de ce qu’ils ignorent.

Les révolutionnaires sont des lâches qui ne veulent pas changer le monde car leur unique jouissance est de le condamner tout en en profitant.

A une ou deux exceptions près, le ricanement, la gouaille et le scandale forment le fond de notre presse. A la place de nos directeurs de journaux, je ne m’en féliciterais pas. Tout ce qui dégrade la culture raccourcit les chemins qui mènent à la servitude. Une société qui supporte d’être distraite par une presse déshonorée et par un millier d’amuseurs cyniques, décorés du nom d’artistes, court à l’esclavage malgré les protestations de ceux-là mêmes qui contribuent à sa dégradation.

La moitié d’une vie d’homme se passe à sous-entendre, à détourner la tête et à se taire. (Le mythe de Sisyphe)

Un homme est plus un homme par les choses qu’il tait que par celles qu’il dit. (Le Mythe de Sisyphe)

La pensĂ©e d’un homme est avant tout sa nostalgie. (Le Mythe de Sisyphe)

Vous savez ce qu’est le charme : une manière de s’entendre répondre oui sans avoir posé aucune question claire. (La Chute)

Au milieu de l’hiver, j’ai découvert en moi un invincible été. (L’été)

Oui, on peut faire la guerre en ce monde, singer l’amour, torturer son semblable, parader dans les journaux, ou simplement dire du mal de son voisin en tricotant. Mais, dans certains cas, continuer, simplement continuer, voilĂ  ce qui est surhumain. (La chute)

Chaque gĂ©nĂ©ration, sans doute, se croit vouĂ©e Ă  refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-ĂŞtre plus grande. Elle consiste Ă  empĂŞcher que le monde se dĂ©fasse. (Discours de rĂ©ception du prix Nobel de littĂ©rature, Ă  Stockholm, 10 dĂ©cembre 1957)

 

Emmanuel Carrère

Je suis terriblement choquĂ© par les gens qui vous disent qu’on est libre, que le bonheur se dĂ©cide, que c’est un choix moral. Les professeurs d’allĂ©gresse pour qui la tristesse est une faute de goĂ»t, la dĂ©pression une marque de paresse, la mĂ©lancolie un pĂ©chĂ©. Je suis d’accord, c’est un pĂ©chĂ©, c’est mĂŞme le pĂ©chĂ© mortel, mais il y a des gens qui naissent pĂ©cheurs, qui naissent damnĂ©s, et que tous leurs efforts, tout leur courage, toute leur bonne volontĂ© n’arracheront pas Ă  leur condition. Entre les gens qui ont un noyau fissurĂ© et les autres, c’est comme entre les pauvres et les riches, c’est comme la lutte des classes, on sait qu’il y a des pauvres qui s’en sortent mais la plupart, non, ne s’en sortent pas, et dire Ă  un mĂ©lancolique que le bonheur est une dĂ©cision, c’est comme dire Ă  un affamĂ© qu’il n’a qu’à manger de la brioche. (D’autres vies que la mienne)

Photo de Boris Cyrulnik

Boris Cyrulnik

Personne ne prĂ©tend que la rĂ©silience est une recette de bonheur. C’est une stratĂ©gie de lutte contre le malheur qui permet d’arracher du plaisir Ă  vivre, malgrĂ© le murmure des fantĂ´mes au fond de sa mĂ©moire. (Le murmure des fantĂ´mes)

Photo d'Antenor Firmin

Antenor Firmin

Dans tous les pays, dans toutes les races, le progrès ne s’effectue, ne se rĂ©alise, ne devient tangible que lorsque les couches sociales infĂ©rieures, qui forment toujours la majoritĂ©, tendent Ă  monter, en intelligence, en puissance, en dignitĂ© et en bien-ĂŞtre. (Extrait de « La politique haĂŻtienne » – 1905)

illustration Benjamin Franklin

Benjamin Franklin

Un peuple prĂŞt Ă  sacrifier un peu de libertĂ© pour un peu de sĂ©curitĂ©, ne mĂ©rite ni l’une ni l’autre, et finit par perdre les deux.

Photo de Romain Gary

Romain Gary

La vérité, c’est qu’il y a des moments dans l’histoire, des moments comme celui que nous vivons, où tout ce qui empêche l’homme de désespérer, tout ce qui lui permet de croire et de continuer à vivre, a besoin d’une cachette, d’un refuge. Ce refuge, parfois, c’est seulement une chanson, un poème, une musique, un livre. (Education européenne)

On mettra sĂ»rement en vente un jour des comprimĂ©s d’humanitĂ©. On en prendra un Ă  jeun le matin, dans un verre d’eau, avant de frĂ©quenter les autres. Alors lĂ , du coup, ça deviendra intĂ©ressant et on pourra mĂŞme faire de la politique. (Les racines du ciel)

Photo de Charles de Gaulle

Charles de Gaulle

La chose la plus difficile est de n’attribuer aucune importance aux choses qui n’ont aucune importance.

Photo d'Hermann Hesse

Hermann Hesse

Comment ne pas devenir un loup des steppes et un ermite sans manière dans un monde dont je ne partage aucune des aspirations, dont je ne comprends aucun des enthousiasmes ?  Je ne puis tenir longtemps dans un théâtre ou dans un cinĂ©ma. Je lis Ă  peine le journal et rarement un livre contemporain. Je suis incapable de comprendre quels plaisirs et quelles joies les hommes recherchent dans les trains et les hĂ´tels bondĂ©s, dans les cafĂ©s combles oĂą rĂ©sonne une musique oppressante et tapageuse, dans les bars et les musics-hall des villes dĂ©ployant un luxe Ă©lĂ©gant, dans les expositions universelles, dans les grandes avenues, dans les confĂ©rences destinĂ©es aux assoiffĂ©s de culture, dans les grands stades. Non, je ne suis pas capable de comprendre et de partager toutes ces joies qui sont Ă  ma portĂ©e et auxquelles des milliers de gens s’efforcent d’accĂ©der en se bousculant les uns les autres. (Le loup des steppes – 1927)

La solitude est synonyme d’indĂ©pendance. Je l’avais souhaitĂ©e et atteinte au bout de longues annĂ©es. Elle Ă©tait glaciale, oh oui, mais elle Ă©tait Ă©galement paisible, merveilleusement paisible et immense, comme l’espace froid et paisible dans lequel gravitent les astres. (Le loup des steppes – 1927)

Photo d'Aldous Huxley

Aldous Huxley

Grâce au contrôle des pensées, à la terreur constamment martelée pour maintenir l’individu dans un état de soumission voulu, nous sommes aujourd’hui entrés dans la plus parfaite des dictatures, une dictature qui aurait les apparences de la démocratie, une prison sans murs dont les prisonniers ne songeraient pas à s’évader, dont ils ne songeraient même pas à renverser les tyrans. Système d’esclavage où, grâce à la consommation et au divertissement, les esclaves auraient l’amour de leur servitude. (Le meilleur des mondes)

Photo de Claude Levi-Strauss

Claude Levi-Strauss

Rien ne ressemble plus à la pensée mythique que l’idéologie politique.

Montesquieu

Sans liberté économique, la liberté politique est en péril.

L’étude a été pour moi le souverain remède contre les dégoûts, n’ayant jamais eu de chagrin qu’une heure de lecture ne m’ait ôté.

Photo de Friedrich Nietzsche

Friedrich Nietzsche

Il est difficile de vivre avec des humains, parce qu’il est difficile de se taire.

La liberté conquise ? Ne plus avoir honte de soi-même.

Les convictions sont des ennemis de la vérité plus dangereux que les mensonges.

L’art et rien que l’art, nous avons l’art pour ne point mourir de la vérité.

Ce n’est pas le doute, c’est la certitude qui rend fou.

Photo de Marcel Pagnol

Marcel Pagnol

Telle est la vie des hommes. Quelques joies, très vite effacées par d’inoubliables chagrins. Il n’est pas nécessaire de le dire aux enfants.

Photo de Jacqueline de Romilly

Jacqueline de Romilly

La pensée demande des correctifs, des nuances, de la subtilité, pas des dogmes tout faits issus des fast-foods de la réflexion.

photo de Philip Roth

Philip Roth

Le fait est que comprendre les autres n’est pas la règle, dans la vie. L’histoire de la vie, c’est de se tromper sur leur compte, encore et encore, encore et toujours, avec acharnement et, après y avoir bien rĂ©flĂ©chi, se tromper Ă  nouveau. C’est mĂŞme comme ça qu’on est vivant : on se trompe. Peut-ĂŞtre que le mieux serait de renoncer Ă  avoir tort ou raison sur autrui, et continuer rien que pour la balade.  (Pastorale amĂ©ricaine – 1997)

Photo de Simone Weil

Simone Weil

La politique m’apparaĂ®t comme une sinistre rigolade. (Lettre Ă  Albertine ThĂ©venon – fĂ©vrier 1935)

Presque partout – et même souvent pour des problèmes purement techniques –, l’opération de prendre parti, de prendre position pour ou contre, s’est substituée à l’opération de la pensée. C’est une lèpre qui a pris origine dans les milieux politiques, et s’est étendue, à travers tout le pays, presque à la totalité de la pensée.

Sauf exceptions très rares, un homme qui entre dans un parti adopte docilement l’attitude d’esprit qu’il exprimera plus tard par les mots : “Comme monarchiste, comme socialiste, je pense que…” C’est tellement confortable ! Car c’est ne pas penser. Il n’y a rien de plus confortable que de ne pas penser. (Note sur la suppression gĂ©nĂ©rale des partis politiques – 1940)

Le mot de révolution est un mot pour lequel on tue, pour lequel on meurt, pour lequel on envoie les masses populaires à la mort, mais qui n’a aucun contenu.

On dit souvent que la force est impuissante à dompter la pensée ; mais pour que ce soit vrai, il faut qu’il y ait pensée. Là où les opinions irraisonnées tiennent lieu d’idées, la force peut tout.

Rien au monde ne peut empêcher l’homme de se sentir né pour la liberté. Jamais, quoi qu’il advienne, il ne peut accepter la servitude ; car il pense.

La vĂ©ritĂ©, c’est que l’esclavage avilit l’homme jusqu’à s’en faire aimer ; que la libertĂ© n’est prĂ©cieuse qu’aux yeux de ceux qui la possèdent effectivement. (RĂ©flexions sur les causes de la libertĂ© et de l’oppression sociale – 1934)

D’une manière générale, tous les problèmes concernant la liberté d’expression s’éclaircissent si l’on pose que cette liberté est un besoin de l’intelligence, et que l’intelligence réside uniquement dans l’être humain considéré seul. Il n’y a pas d’exercice collectif de l’intelligence. Par suite nul groupement ne peut légitimement prétendre à la liberté d’expression, parce que nul groupement n’en a le moins du monde besoin. Bien au contraire, la protection de la liberté de penser exige qu’il soit interdit par la loi à un groupement d’exprimer une opinion. Car lorsqu’un groupe se met à avoir des opinions, il tend inévitablement à les imposer à ses membres.

Tout le monde sait que, lorsque le journalisme se confond avec l’organisation du mensonge, il constitue un crime.

Un système social est profondément malade quand un paysan travaille la terre avec la pensée que, s’il est paysan, c’est parce qu’il n’était pas assez intelligent pour devenir instituteur.

Le triomphe de l’art est de conduire à autre chose que soi.

Si l’on habitue les enfants Ă  ne pas penser Ă  Dieu, ils deviendront fascistes ou communistes par besoin de se donner Ă  quelque chose. (L’Enracinement – 1943)

Aimer la vérité signifie supporter le vide, et par suite, accepter la mort. La vérité est du côté de la mort.

Ne te laisse mettre en prison par aucune affection. Préserve ta solitude.
Le jour, s’il vient jamais, oĂą une vĂ©ritable affection te serait donnĂ©e, il n’y aurait pas d’opposition entre la solitude intĂ©rieure et l’amitiĂ©, au contraire. C’est mĂŞme Ă  ce signe infaillible que tu la reconnaĂ®tras. Les autres affections doivent ĂŞtre disciplinĂ©es sĂ©vèrement. (La Pesanteur et la Grâce – 1940/1942)

L’attention est la forme la plus rare et la plus pure de la générosité.
Il est donnĂ© Ă  très peu d’esprits de dĂ©couvrir que les choses et les ĂŞtres existent. (Lettre Ă  JoĂ«l Bousquet – avril 1942)

Photo de Stefan Zweig

Stefan Zweig

Toujours, les hommes qui prétendent combattre pour Dieu sont les plus insociables de la terre ; parce qu’ils croient entendre des messages divins, leurs oreilles restent sourdes à toute parole d’humanité.

La raison et la politique suivent rarement le mĂŞme chemin. (Extrait de Marie Stuart – 1935)

Vieillir n’est, au fond, pas autre chose que n’avoir plus peur de son passé. (Vingt-quatre heures de la vie d’une femme)

Le concret, le palpable, est toujours plus accessible à la masse que l’abstrait; c’est pourquoi en politique, tout mot d’ordre exprimant un antagonisme et dirigé contre une classe, une race, une religion, trouvera toujours plus d’écho que la proclamation d’un idéal qui, lui, est moins commode à saisir.

Le type éternel du révolutionnaire professionnel qui, par son attitude de pure opposition, se sent grandi dans son insignifiance et se cramponne aux dogmes, parce qu’il ne trouve aucun point d’appui en lui-même.

Les hommes sont corrompus par les idĂ©ologies, ils pensent en terme de politique et de morale…/…L’individu doit ĂŞtre plus fort que l’idĂ©e, il faut seulement qu’il reste lui-mĂŞme, qu’il n’abdique pas sa propre volontĂ©.  (La contrainte)

Telle est bien en effet notre nature : tout le mal qui a lieu ici-bas, nous en sommes informés. Chaque matin, le journal nous lance en pleine figure son lot de guerres, de meurtres et de crimes, la folie de la politique encombre nos pensées, mais le bien qui se fait sans bruit, la plupart du temps nous n’en savons rien. Or cela serait particulièrement nécessaire dans une époque comme la nôtre, car toute œuvre morale éveille en nous par son exemple les énergies véritablement précieuses, et chaque homme devient meilleur quand il est capable d’admirer avec sincérité ce qui est bien. (Voyage)