Le verrou de Fragonard

Philippe Sollers, Liberté du XVIIIème

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Philippe Sollers… Vous ne l’aimez pas ? Je comprends.
Je l’admire alors qu’il m’a souvent profondément agacé, révolté même, parfois.

De ses principales dérives, il est revenu, avec lucidité et même avec classe.
Du marxisme, puis du maoïsme dont il s’écarte définitivement en 1976 (« les conséquences sordides sur le plan de la manipulation du pouvoir et de l’information »), du soutien à l’écrivain pédophile Gabriel Matzneff chez (et avec) Bernard Pivot, de sa signature avec, excusez du peu, Sartre, Beauvoir, Derrida, Barthes, Françoise Dolto (qu’elle époque, tout de même !) de ce fameux texte rédigé par Matzneff réclamant une révision du Code Pénal afin de reconnaître le droit de l’enfant et de l’adolescent à entretenir des relations avec les personnes de son choix, signature qu’il regrettera en 2001 (« dire que l’entière liberté des partenaires d’une relation sexuelle est la condition nécessaire et suffisante de la licéité de cette relation est effectivement extraordinairement naïf, car qui juge de l’entière liberté des partenaires ? C’est ne pas envisager qu’il peut y avoir un rapport de force ou de pouvoir. Certains aspects de la pétition sont complètement indéfendables. Aujourd’hui, je ne la signerais pas et je pèserais mes mots »). Donc acte.

Je suis athée, Sollers ne l’est pas, mais il doute, pratique une sorte d’athéïsme social, de retenue, et cette manière de croire me plaît. Il préfère Sartre à Camus, pas moi. Il avait des passions dont certaines sont décrites dans ce petit livre, Liberté du XVIIIème, que je partage (Mozart, Voltaire, Montesquieu, Fragonard…), d’autres beaucoup moins (La Renaissance italienne), et les auteurs maîtres du libertinage (Sade, Casanova) sans lesquels Sollers ne serait pas Sollers.

Il était un puits de culture, et son style inimitable, d’une virtuosité sans pareille, m’a toujours impressionné. Enfin et surtout, son véritable culte de la liberté, son observation du monde en restant à l’écart – sur son île de Ré, à Venise – me font oublier les provocations quelques fois gratuites. 

Sollers, un immense écrivain.

MT

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