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Battre Le Pen en 2027, à tout prix

Tel devrait être l’objectif prioritaire d’Emmanuel Macron aujourd’hui : réunir au mieux les conditions d’une défaite du RN en 2027.

Le danger est grand en effet que le -jusqu’ici- très commode plafond de verre ne cède aux prochaines présidentielles.
En 2002, le vote « républicain » s’était imposé de manière massive, Chirac écrasant Jean-Marie Le Pen avec un score sans appel de 82,21% des voix. Vingt ans plus tard, Macron a battu Marine Le Pen avec 58,55%, résultat qui n’a plus rien d’une formalité. En 2017, son score fut de 66,10% contre la même adversaire.
Le risque d’une victoire du Rassemblement National se précise donc.

L’extrême droite était déjà l’adversaire préféré de Mitterrand puisqu’à l’époque, elle affaiblissait la droite républicaine. Pour Chirac, un second tour face à Le Pen était synonyme d’élection assurée. Idem pour Macron, jusqu’à présent, mais dans des conditions et proportions très différentes.
Tant qu’existait la certitude que le fameux vote républicain ferait obstacle à l’extrême droite, la « choisir » comme adversaire était une solution de facilité. On en voit clairement les limites aujourd’hui, notamment avec les conséquences de ce très malencontreux épisode de la réforme des retraites. Au delà d’une gestion pour le moins problématique par le gouvernement, Macron est empêtré dans une soi-disant application de son programme dans lequel elle figurait bien, avec d’ailleurs un âge légal à 65 ans. C’est ne tenir aucun compte du fait qu’il a été élu sans adhésion aux détails de ses propositions électorales, notamment grâce à tous les électeurs qui ont avant tout voulu battre Le Pen. Ils sont nombreux à dire regretter leur vote, ce qui confirme qu’à l’avenir, l’opposition républicaine à l’extrême droite est loin d’être acquise.

Qu’il argumente sans relâche sur la nécessité de la réforme, oui, bien sûr ! Qu’il répète qu’il a été élu pour la faire est une grave erreur, car c’est précisément cela qui alimente les reproches sur les supposées atteintes à la démocratie.
L’extrême gauche s’en trouve encouragée à faire beaucoup de bruit, et par ses méthodes et son comportement à l’Assemblée Nationale ou ailleurs, à nuire véritablement à l’exercice démocratique du pays. À l’évidence, le RN, silencieux, est le seul bénéficiaire de la chienlit qui s’est installée.

Il reste donc 4 ans à Emmanuel Macron, non pas forcément pour réformer le pays selon l’ensemble de ses choix, mais pour créer les conditions d’une quatrième défaite de Le Pen en 2027. Pour éviter que la France ne soit mise au ban de l’Europe, que les isolements de toute nature n’entraînent des difficultés économiques insurmontables, que les libertés ne subissent des atteintes difficilement réversibles, etc…
Les réformes les plus urgentes devraient chercher à redonner aux français le sentiment que leur avis compte, à gommer cette idée diffuse (et évidemment très exagérée) selon laquelle la démocratie serait bafouée.
C’est l’exercice du pouvoir qui doit changer. Relancer un grand chantier de décentralisation en redonnant des initiatives et les moyens nécessaires aux élus locaux, en leur faisant confiance, revaloriser le travail parlementaire, multiplier les conférences, les lieux de réflexion et de possibilité de propositions citoyennes, en finir avec le présidentialisme…

Le risque d’une prise du pouvoir par les populistes de gauche est, compte tenu des dérives de Mélenchon, à peu près nul. Il reste donc 4 ans à Macron pour écarter les populistes de droite et c’est très peu.

Y parvenir serait peut-être sa plus belle victoire.

Marc T.

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