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Loi immigration ou le déshonneur de la classe politique

Il y a 8 jours, la gauche se félicitait bruyamment d’avoir fait échouer, avec la complicité du Rassemblement National,  le projet de loi de Darmanin à qui il a donc manqué 5 voix à l’Assemblée. Notons que précisément 5 députés de la majorité présidentielle n’ont pas pris part au vote ce jour-là. Probablement un hasard…

Ce projet était bien sûr critiquable, notamment – et surtout – parce qu’il annonçait la suppression de l’AME, l’Aide Médicale d’État, disposition moralement louable et la solution la plus raisonnable pour les finances publiques. C’est un lieu commun d’affirmer que l’immigration est un sujet de plus en plus sensible dans l’opinion publique, et la politique proposée par le ministre de l’Intérieur s’éloignait trop aux yeux de certains, pas suffisamment pour d’autres, de l’angélisme qui règne depuis des décennies.

L’immigration est un processus humain normal, utile la plupart du temps, mais pour une part provoqué par de très mauvaises raisons qui ne cessent de se multiplier : la fuite depuis des pays soumis à des régimes dictatoriaux, la misère et l’espoir d’amélioration des conditions de vie, le changement climatique qui va malheureusement s’aggraver provoquant toujours plus de flux de population dans les années à venir. Les pays démocratiques confrontés à ces mouvements devraient apporter des réponses encadrées par des règles respectant la vie et la dignité humaines. C’est hélas loin d’être toujours le cas. S’il est normal que les dirigeants de pays au fort pouvoir d’attraction de migrants se dotent de moyens et de méthode afin de gérer « leur » immigration, il serait normal également que leur politique ne perde pas de vue l’humanisme dont ils se targuent à longueur d’interview. Et qu’en France en particulier, les Lumières ne s’éteignent pas. Or, la Commission Mixte Partitaire créée à la suite du rejet du projet Darmanin vient d’accoucher d’une loi qui aurait pu être rédigée par l’extrême droite. Le fait que l’exécutif ait reconnu qu’une partie des mesures sont anticonstitutionnelles montre bien que l’objectif était d’obtenir un accord coûte que coûte. Les quotas migratoires et d’autres dispositions discriminatoires seront probablement retoquées par le Conseil Constitutionnel. Cette façon de procéder dépasse un peu l’entendement…

Faire du Le Pen pour contrer Le Pen, il fallait y penser…

Il y a 8 jours, donc, la gauche faisait échouer un texte en s’alliant avec le RN et aujourd’hui, elle pousse des cris d’orfraie pendant que l’extrême droite (incluant quelques députés LR) pavoise. Histoire de boucler la boucle, Darmanin qui cherche à sauver la face, nous explique benoîtement que cette loi immigration sera une arme anti-Le Pen. Faire du Le Pen pour contrer Le Pen, prétendre la rendre inutile en prenant des mesures qu’elle aurait prises si elle était au pouvoir, il fallait y penser, Darmanin l’a fait ! C’est ainsi qu’en l’espace de quelques jours, à de rares exceptions près, la classe politique nous a offert un spectacle pour le moins pathétique.

Après son élection de 2022, Macron a promis de faire barrage à l’extrême droite. Il lui reste un peu plus de 3 ans pour s’atteler enfin à ce chantier qui devrait être LA priorité absolue de la fin de ce quinquennat décidément laborieux. La tâche s’annonce d’autant plus ardue que la perte de crédibilité des politiques a toujours fait le jeu des extrêmes. La perspective de 2027 donne la nausée…

MT

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