illustration censure des médias

CNews, C8, la tentation de la censure

Défaut de pluralisme, c’est ce qui est essentiellement reproché à CNews et par extension à C8. 

À l’évidence, une répartition équitable des temps de parole des différentes tendances politiques n’est pas respectée par les chaînes faisant partie de la galaxie Bolloré, même si celui-ci s’en est défendu il y a quelques jours face à une commission parlementaire bien molle et même un peu pathétique.
Ce monsieur a une vision de la société qui est celle d’une extrême droite nationaliste tendance Zemmour puis Bardella, mâtinée d’intégrisme catholique. Cela transpire dans l’ensemble des médias qu’il dirige d’une main de fer. Celles ou ceux qui tentent de s’opposer à la ligne directrice sont virés sans ménagement, l’exemple récent des Éditions Fayard dont la directrice refusait de publier des auteurs d’extrême droite en témoigne.
Pour autant, peut-on imaginer qu’une démocratie libérale censure les idées qui ne lui conviennent pas, réduise au silence celles et ceux qui n’auraient pas une vision humaniste de la société, de la laïcité, des libertés tout en ne respectant pas celle d’expression ? Non, mille fois non !

“Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’au bout pour que vous puissiez le dire.”

Cette phrase célèbre attribuée (à tort semble-t-il) à Voltaire doit rester un guide inaliénable si l’on est attaché à la liberté d’expression.

Nous disposons d’un arsenal juridique suffisant pour sanctionner les appels à la violence, au racisme, à l’antisémitisme etc… CNews et C8 ont d’ailleurs été condamnées lourdement à plusieurs reprises lorsque les propos ne relevaient plus de la liberté d’expression mais d’incitations à la haine, au racisme notamment.

Nous sommes libres de penser que Pascal Praud ou Cyril Hanouna ne sont que de vulgaires passeurs d’un populisme nauséabond, ce dont je suis personnellement convaincu.
Ils disent et font ce pour quoi ils sont rémunérés, avec l’aval de Bolloré qui paie sans broncher les amendes lorsque les débordements sont constatés par les tribunaux.

Mais le fond du problème est ailleurs : les audiences de ces chaînes progressent, autrement dit, le nombre de personnes qui ne trouvent rien à redire à leurs lignes éditoriales, celles qui y adhèrent franchement,ce nombre est en augmentation, un peu comme les intentions de vote RN dans les sondages.
C’est le triomphe de la vacuité, de la régression sociale, de l’abandon des libertés, d’une perte de lucidité politique et économique, c’est l’avancée incontestable d’une vision fascisante de la société, le recul de la démocratie.
À l’insu des millions de téléspectateurs de ces chaînes ? Pour partie, c’est possible. En conscience pour d’autres ? Oui, bien sûr, les amateurs de simplismes ou de rires gras favorisant l’adhésion à n’importe quelle idéologie, ou des deux, sont nombreux.

Nous sommes tous libres de regarder ou pas les programmes de CNews ou ceux de C8, d’écouter ou pas Europe1, de lire ou pas le JDD. La meilleure réponse est justement de ne pas le faire plutôt que chercher à faire taire une parole qui ne correspond pas à ce que nous souhaitons entendre. Aussi longtemps que des journalistes et animateurs connus travailleront pour ces chaînes, que des politiques ou des intellectuels en quête de cachets ou de notoriété fréquenteront ces plateaux, il n’y a aucune raison que les audiences reculent. Leur responsabilité est grande, et certains sont d’une inconséquence abyssale.
Le boycott est la meilleure réponse, la censure la plus mauvaise car elle s’apparente à une police politique des médias, celle qui justement nous attend si la progression des extrêmes se confirme.

Continuons sans relâche de défendre les libertés, toutes les libertés sans les trier, prenons le risque de promouvoir la démocratie, de lutter pour sa survie.

MT

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